03 Apr

Tranche de vie III

Publié par BERis  - Catégories :  #Air des temps

mardi 5 et mercredi 6 mars

>> C'est une mésange au-dessus de ma tête qui me réveille à six heures. Le soleil à peine levé n'a encore rien séché. Je sens la terre qui pompe avidement la rosée avant que la chaleur ne monte. Quatre heures de ballade, jumelles collées aux yeux, j'épie les oiseaux qui pépient et les suis à la trace. Je traque la perdrix et me perds dans le maquis parmi les genévriers et les caroubiers. Et toujours pas un humain. Ils restent agglutinés où tous se rencontrent sur les passages et dans les villes. Polis est entourée de villages de « derrière les fagots » comme on en trouve même plus sur les cartes postales. Et bien les touristes n'y viennent même pas, peut-être de peur de rencontrer des gens d'ici qui ne pensent pas comme eux. C'est vrai qu'en ville, les « locaux » cultivent un à propos international. On reste un peu chez soi. Dans les villages, on ne peut pas acheter des bibus au super market. L'épicerie locale est incontournable, et la tenancière, avec sa peau burinée a des verrues poilues sur le nez. Elle n'entre pas dans les canons internationaux.

C'est sur une terrasse de l'un de ces villages que j'ai rencontré « mastic » dont le fils a inventé la propulsion au jus d'orange. Il m'a dit aussi, mais je ne sais pourquoi (je le soupçonne de mal supporter son soleil natal), que « snakes and winners même mental ». Il faut dire qu'il touche en français, malgré sa tenue excentrique au chapeau mou et multiples chaînettes d'argent au gilet. Very britisch mais vieux jeu.

 

<< Il ne me reste pas grand-chose de la descente vers le south si ce n'est que la météo est moins humide. J'avale les kilomètres à coup de dix heures par jour, en dormant n'importe où mais toujours à l'extérieur. La réponse au pouce n'est pas terrible et je sens la nostalgie de la croix blanche. Peut-être que penser en français me fera du bien. À force d'y baigner, j'en arrive à penser en anglais en mélangeant avec mes dix ans d'étude d'allemand.

  L'arrivée aux pierres dressées rompt la mythification.C'est hyper friqué et plein de bagnoles. Tu prends ton ticket, passe les barbelés avec ton sauf-conduit et ne perçois aucun fantôme celtique. Toute cette effervescence a dû les faire fuir dans quelque endroit davantage baigné de solitude. Au soleil couchant, l'imagination appelée en renfort et un maximum de visiteurs craignant de se mettre de nuit, le calme revient un peu et avec lui la sérénité espérée.

 

     

 

suite sur tranche de vie IV

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